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| source: tv5monde.com |
"Nous avions en commun le ras-le-bol, le mécontentement, cette rage qui
étouffe tout le monde. Le flamenco est apparu comme notre langage
commun."
Si on demandait aux gens de donner des exemples de chansons contestataires, probablement personne ne penserait au flamenco. De nos jours, les chansons de cette musique originaire d'Andalousie parlent de l'amour, que ce soit pour une personne ou pour une ville, et les paroles sont souvent mélancoliques mais jamais politiques. Or, le flamenco a une très longue tradition révolutionnaire, puisqu'il a servi aux ouvriers et paysans pour protester contre l'exploitation et dénoncer leurs conditions de travail. Pendant la Deuxième République, beaucoup d'artistes du flamenco militent pour la République, et quand la Guerre Civile éclate ils chantent pour les soldats républicains aux fronts.
Sous le franquisme, toute dimension politique est effacée du flamenco, et beaucoup de chanteurs pro-républicains doivent s'exiler ou ont du mal à trouver du travail. Mais le flamenco subit déjà depuis le début du 20e siècle un processus d'institutionnalisation. La classe dirigeante le récupère et l'intègre dans la création d'une identité culturelle de l'Etat espagnol. Et cela continue de nos jours: "Dans les trois dernières décennies, les institutions ont asphyxié le flamenco dans un proscessus d'officialisation et supplanté la dimension politique qu'il possédait avant", nous a confié Paca La Monea, membre du groupe d'activistes sévillans Flo6x8. Depuis quelques années, Flo6x8 ("Flo" est l'abréviation de Flamenco, 6x8 est un rythme de danse) fait renaître cette tradition révolutionnaire du flamenco en le transformant en arme dans la lutte contre le régime des banques et le dictat de la troïka en Espagne.
Sous le franquisme, toute dimension politique est effacée du flamenco, et beaucoup de chanteurs pro-républicains doivent s'exiler ou ont du mal à trouver du travail. Mais le flamenco subit déjà depuis le début du 20e siècle un processus d'institutionnalisation. La classe dirigeante le récupère et l'intègre dans la création d'une identité culturelle de l'Etat espagnol. Et cela continue de nos jours: "Dans les trois dernières décennies, les institutions ont asphyxié le flamenco dans un proscessus d'officialisation et supplanté la dimension politique qu'il possédait avant", nous a confié Paca La Monea, membre du groupe d'activistes sévillans Flo6x8. Depuis quelques années, Flo6x8 ("Flo" est l'abréviation de Flamenco, 6x8 est un rythme de danse) fait renaître cette tradition révolutionnaire du flamenco en le transformant en arme dans la lutte contre le régime des banques et le dictat de la troïka en Espagne.
C'est grâce au flamenco que ces artistes réussissent à se faire entendre. Les vidéos de leurs actions spectaculaires sont passées à la télé, sont partagées des milliers de fois sur internet et ont même fait leur entrée au Musée d'Art Contemporain de Séville. Ils ont mené leur première grande action, le "Rumba Rave du Banquier", en mars 2008 dans la Banco Santander en plein centre de Séville. Banco Santander est la plus grande banque en Espagne et une des plus grandes dans le monde. Voici la vidéo (sous-titrée en anglais):
En juin de cette année, Flo6x8 a réussi un autre grand coup. Des activistes du groupe ont interrompu une discussion au parlement andalou pour dénoncer par le flamenco la politique d'austérité imposée par la troïka et exécutée par les députés. Près de 100.000 personnes ont déjà regardé cette vidéo sur youtube.
Mendier
voilà comment tu veux me voir
ou que j'émigre.
Mendier
pour un travail de merde
pendant que vous vous engraissez avec les licenciements
et vous êtes des valets de la troïka.
voilà comment tu veux me voir
ou que j'émigre.
Mendier
pour un travail de merde
pendant que vous vous engraissez avec les licenciements
et vous êtes des valets de la troïka.
Voici un poème de Roger Wolfe qui illustre assez bien ce que représente Banco Santander en Espagne:
Glosa a Celaya
La poesía
es un arma
cargada de futuro.
Y el futuro
es del Banco
de Santander.
Roger Wolfe, Cinco años de cama, Prames, Zaragoza, 1998.
Sources:
http://enlucha.wordpress.com/2012/10/10/flamenco-y-revolucion/
http://www.flo6x8.com/
http://www.flo6x8.com/
http://www.tv5monde.com/cms/chaine-francophone/info/Les-dossiers-de-la-redaction/Espagne-2012/p-21885-En-Espagne-le-flamenco-contre-les-banques.htm#
http://fr.globalvoicesonline.org/2014/08/02/172910/